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Chroniques de la Mémoire
des Hautes-Pyrénées

N° 94-95-96

Jacques Fourcade dans son bureau au manoir

de Labarthe, à Vic-en-Bigorre

col. Ghislaine Rossi

Jacques Fourcade

le fils de son père

S'il est une famille célèbre à Vic-en-Bigorre, c’est bien celle de Jacques Fourcade né à Paris, en 1902, de Manuel Fourcade, futur maire de Vic et d’Henriette du Buit. La naissance aurait pu avoir lieu au manoir de Labarthe si son papa n’était avocat au barreau de Paris. Éduqué et instruit par l’institution privée, il passe son baccalauréat de rhétorique, en 1918. Les soirées parisiennes de l’époque sont mouvementées. Les raids des avions allemands le contraignent à de studieuses stations dans les caves de l’immeuble de la rue Blanche. Après la Philo, l’année suivante au lycée Condorcet, il réussit à l’École des Sciences Politiques. La politique le passionne mais il faut vivre. De brillantes études de droit et un goût prononcé pour les lettres lui font choisir le métier de son père. Il est inscrit au tableau de l’ordre des avocats de Paris, en 1926. Entre-temps, il a fait son service militaire au Fort de Saint-Cyr puis à l’Office météorologique, rue de l’Université. Le Palais l'attire irrésistiblement. Son grand-père, le bâtonnier Henry Du Buit, puis son cher père, bâtonnier de 1923 à 1925, lui ont tracé le chemin. La carrière d’avocat s’engage monotone et les honoraires y sont modiques. En 1931, Léon Bérard, ami béarnais de son père au Sénat et confrère du Palais, l’appelle auprès de lui au poste de directeur de cabinet du Garde des Sceaux. Son rêve s’exauce : il entre en relations avec le monde politique. Deux passages (1931-1932 et 1935-1936) au ministère de la Justice, place Vendôme, imposent des contraintes de temps et de déplacements en province. Il ne peut frôler de si près la politique sans y être attiré.
 

L'appel de la politique

Au renouvellement de la Chambre, en 1932, Jacques Fourcade est sollicité pour se présenter aux Sables d’Olonne. Très actif, il ne peut rien contre le candidat local et ses promesses mirifiques. Frustré, il repartira au combat, en 1937, en se présentant à l’élection du Conseil général des H. P, canton de Vic, contre Léon Duprat, négociant vicquois. Celui-là même qui détrôna son père Manuel lors d’une lutte au finish, en 1931 (939-876 suffrages). Une loi de 1941 invalidera son mandat de conseiller général. Une ordonnance de 1944 le rétablira. Dans l’intervalle, il officie aux écoutes souterraines de l’aviation, à Lyon, en sa qualité d’aviateur. Il séjourne en zone libre pendant le temps de sa mobilisation puis reprend sa robe d’avocat. Il plaide dans tout le sud de la France. On le cite, on lui confie des affaires. L’une d’elles devient célèbre : le procès de Riom. Il y défend Guy Lachambre, précédent ministre de l’Air. Le gouvernement de Vichy met les politiques de la IIIe République en accusation. Ceux-ci renvoient la responsabilité de la débâcle sur les militaires. Un remake de l’arroseur arrosé ! Le Maréchal, aux ordres de Hitler, arrête le procès, en 1942. La tristesse envahit le clan Fourcade. Manuel, le père chéri, le modèle, s’éteint à Labarthe, le 26 décembre 1943. La cité vicquoise est en deuil, son maire est mort.

Avec François Mitterrand

ministre de la France d'Outre-mer, à Abidjan, en 1951

col. Ghislaine Rossi

Jacques Chaban-Delmas

et Mgr Théas à ses côtés

col. Ghislaine Rossi

Un député de cœur

En 1951, Jacques Fourcade est enfin élu de la 2e circonscription des Hautes-Pyrénées sur la liste des Indépendants, Paysans et Républicains nationaux. En 1956 (IVe) et 1958 (Ve), il est réélu. Candidat malheureux à la présidence de la République, en 1953 (Pdt : René Coty), il est élu premier Vice-président de l’Assemblée Nationale, sous la présidence de Jacques Chaban-Delmas, le 10 décembre 1958. Il sera Pdt de l’Assemblée de l’Union française, en janvier 1950, Pdt de la Haute Cour de Justice et des Juristes internationaux, en 1957. Avec sa sensibilité de poète du terroir qui sait tout de Paul Verlaine, il reçoit ses compatriotes le samedi, jour de marché, à la mairie de Vic ou à Labarthe. Sur la route tragique de Villechauve (Loir-et-Cher), ce 5 septembre 1959, il réfléchit à la bonne plaidoirie pour les dossiers les plus douloureux de l’accident de la gare de Vic qui a eu lieu le 29 août 1959, jour de commération du centenaire de l’inauguration de la ligne de chemin de fer Paris-Tarbes par le couple impérial Napoléon III et Eugénie de Montijo. Des inconscients, juchés sur la marquise de la gare, ont plongé dans les larmes et la souffrance une cité parée pour la fête. De l’église Saint-Martin, un char tiré par une paire de bœufs transporte la dépouille mortelle de l’élu bigourdan vers la chapelle de Labarthe. Le cortège des personnalités et la foule suivent lentement derrière Jacques Chaban-Delmas, l’ami fidèle.