Pages : 49 - 52 - 55 - 58 - 61 - 64 - 67 - 70 - 73 - 77 - 81  -  83  -  86  - 90 - 94 - 97 - 100 - 103 - 106 - 109 - 112 - 115 - 118 - 121 - 124 - 127 - 130 - 133 - 136 - 139   ---------->  Retour à Chroniques de la Mémoire

Chroniques de la Mémoire
des Hautes-Pyrénées

N° 58-59-60

Aquarelles du lieutenant Louis Caujolle
1914-1918 
col. Claude Larronde

11 novembre 1918

Une France nouvelle

Le lieutenant vicquois Louis Caujolle (83e RI) a connu l'enfer des tranchées et les "douceurs" de l'État-major divisionnaire, après sa blessure. Il est à Laon, le jour de l'Armistice et raconte : "A 8 heures, grand feu d’artifice sur la butte de Laon avec des fusées drapeaux. Des camions pleins de soldats passent en chantant la Marseillaise. Une joie immense, délirante, anime tous les cœurs. Le soir, à 20 heures, grand feu d’artifice sur les remparts de Laon éclairés ainsi que la magnifique cathédrale par de multiples feux de Bengale verts, jaunes, rouges. Illumination féerique de la butte de Laon d’où s’élèvent pendant des heures des ruissellements d’étoiles multicolores. Plus d’avions ennemis à craindre. Danses, chants, musiques. C’est une France nouvelle qui renaît dans la joie. À 11 heures, messe solennelle à la cathédrale pour célébrer et chanter un « Te deum » en l’honneur de la victoire. Tout l’État en grande tenue assiste à la cérémonie. Le général Fayolle, le général Humbert et plusieurs autres généraux sont là. Avec nos brillants uniformes nous formons devant le parvis de la cathédrale un cortège magnifique. L’archiprêtre nous reçoit à l’entrée de la cathédrale. Toute la ville a pavoisé. Une foule enthousiaste se presse autour de nous. La guerre est donc finie ! Maintenant, va commencer le plus difficile : mettre en valeur cette immense victoire, réparer nos ruines, organiser la paix et créer une France nouvelle".
 

Goûtez-moi ces eaux !

Devant la manne que dispense le thermalisme en cette fin du XIXe siècle, "toutes les communes cherchent à avoir leurs sources", affirme Michel Dupeyre. En 1882, on ne compte pas moins de 64 sites thermaux répertoriés dans le département. Néanmoins, certains auront une activité éphémère. Lagrange et La Barthe disparaîtront. Dans cette dernière station, on soignait l'arthrite et les maladies de peau dans un bâtiment ouvert en 1843 qui contenait 8 à 10 cabinets de bains. À Arreau, 3 baignoires en plein air étaient alimentées par des sources iodurée, ferrugineuse sulfurée et ferrugineuse. Dommage que l'exploitation laissât à désirer. À Loudenvielle, en vallée du Louron, 3 baignoires "dans une méchante grange" exploitaient faiblement la source du Saoussas. Au bout de la vallée d'Aure, Tramezaygues, était bien trop loin pour que la fréquentation y soit suffisante. La route ne fut construite qu'en 1811. Ses eaux de qualité seront récupérées par Saint-Lary, au XXe siècle. Cadéac n'eut guère plus de réussite. Pourtant, Sanche d'Aragon avait assuré la réputation de ses sources. Blessé par les Sarrasins, il s'y baigna et guérit et Jeanne de Navarre y vint soigner une dermatose chronique. Une observation médicale du XVIIIe siècle signalait que ses eaux "détergeaient les ulcères intérieurs". C'est dire si elle était bonne... l'eau de là.
 

Coutumes et Traditions

Dans les Baronnies, du premier dimanche de l'Avent jusqu'à la Noël, il était de tradition, à l'heure de l'Angélus et à une heure de la nuit, que des enfants en bande viennent souffler dans une corne pour que le son se répercute de vallée en vallée. Cette curieuse coutume se perd dans la nuit des temps et la question demeure : reste de paganisme ou lueur de christianisme ? Pour le vicquois Norbert Rosapelly, la coutume d'orner les appartements à l'approche de Noël de branches de gui, végétal porte-bonheur, et de houx a été importée par des fonctionnaires venus du nord de la France, par des bigourdans ayant habité des pays où le Christmas est célébré et, probablement aussi, par les étrangers qui séjournent dans les Pyrénées. C'est après 1 870 que les fêtes enfantines de l'arbre de Noël ont été organisées et popularisées en Bigorre. Il semblerait que le Bonhomme Noël daterait, en Bigorre, de cette époque. A-t-on voulu laïciser le petit Jésus qui, dans notre enfance, descendait par la cheminée pour garnir de friandises nos sabots ? Pendant qu'une grosse souche brûle dans l'âtre et que la maisonnée devise, en cercle, des récoltes en terre, la ménagère surveille attentivement la cuisson de l'estouffat (bœuf à la mode) destiné au réveillon.

Marie-Lise Lapeyre 
et ses décorations extraordinaires 
de Noël à Aureilhan

photo Claude Larronde