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Chroniques de la Mémoire
de Lourdes

N° 106-107-108

Les Soubirous à la sortie de la messe, en 1876

col. Privée

Lourdes en 1858


Les processions de la Fête-Dieu démontrent le penchant mystique du peuple lourdais. Tous les quartiers rivalisent de zèle et de goût pour la confection de reposoirs au Saint-Sacrement. Chacun étale devant sa maison des draps blancs fins. Les rues et les routes sont jonchées de verdure et de fleurs. C’est un enivrement précise Raymond Ritter fin observateur des mœurs de la cité mariale, en 1 858. À chaque grande fête religieuse, les familles placent leur amour-propre à être distinguée comme une des plus zélées de la paroisse. De nombreuses chapelles de Bigorre sont dédiées à la vierge Marie. Lourdes est littéralement couronnée de sanctuaires. Des chapelles : Notre-Dame des Bois, sur la route de Pontacq, Notre-Dame de Grâce, sur la route d’Argelès, etc., d’autres en ruine reçoivent encore la visite de la procession des Rogations. Le curé doyen Peyramale morigène souvent ses ouailles du haut de la chaire mais rentré dans son presbytère, près de l’entrée nord de la ville, et avoir traversé le jardinet plein de fleurs du Bon Dieu, il apprécie l’assiduité sinon l’enthousiasme de ses paroissiens. Il écoute le rapport de ses trois vicaires : l’abbé Pomian, futur catéchiste de la petite Soubirous, les abbés Serre et Pène. Un sourire s’esquisse et son visage sévère s’éclaire.

Lourdes en 1858


La présentation des bœufs, vaches, moutons, etc. avait lieu sur la place du Cambésiau. Une foule bruyante de marchands bigourdans, béarnais et espagnols était là. La vente des bestiaux représentait la principale richesse des cultivateurs, écrit Raymond Ritter. Les places du Marcadau et du Porche étaient envahies par une "houle humaine autour des étalages". Au milieu du flot humain d’où ressortaient toutes sortes de costumes aux tonalités différentes : capulets, toques rouges et blanches, on remarquait les diverses nuances de mœurs et de langage qui faisaient ressortir les Béarnais parmi les Bigorrais, les Navarrais parmi ceux des vallées supérieures ou ceux de la vallée d’Ossau. Ces jours-là, les quinze auberges lourdaises étaient envahies. En 1835, un voyageur décrit ce qu’il a vu un soir de fête. Les rues sont remplies de monde. Toute la population prend le frais devant sa porte. Des familles se réunissent sur des bancs de pierre établis en dehors des habitations. Des chaises sont distribuées aux voisins. La population tient salon dans la rue : "On y raconte ses joies, ses douleurs, et puis la médisance, cette seconde vie des petites villes, la médisance allonge et égaie la conversation. Lorsque la celle-ci est épuisée, la musique commence et on chante en chœur les romances du pays".

Lithographie de James-Duffield Harding -1832

Croquis de J. Johnston 

col. Privée

Le moulin de Boly, début XXe siècle

col. Claude Larronde

Lourdes en 1858


Pour clore notre visite de Lourdes en ce milieu du XIXe siècle, il est indispensable, à la suite de Jean-François Labourie qui a réalisé cette étude, d’aborder les domiciles misérables des Soubirous. Pendant les apparitions de février à juillet 1858, Bernadette et sa famille logent à l’ancien cachot de la rue des Petits-Fossés. Le 9 janvier 1843, François Soubirous et Louise Castérot s’installent au moulin de Boly suite à la mort du père de Louise, Augustin Castérot. Bernadette (7 janvier 1844), Jean, Marie dite Toinette, Jean-Marie, décédé deux ans plus tard, et Jean-Marie (13 mai 1851) y naissent. En 1852, le moulin est vendu à Armand Soubirous. Ne pouvant payer le loyer, François Soubirous doit déménager. Après juin 1854, avec Claire Castérot, grand-mère de Bernadette, François loue le moulin de Laborde-Louzé situé entre le moulin de Boly et le moulin Lacadé. Ce moulin ne fonctionne que par intermittence et le père de Bernadette doit louer ses bras à d’autres meuniers. Un petit Justin nait en 1 855. Il n’atteindra pas ses 10 ans. Le 22 octobre 1855, Claire Castérot décède et l’héritage est partagé entre ses filles. Conséquence : François Soubirous et sa famille quittent Lourdes et s'installent au moulin de Sarrabeyrouse, sur l'Echez, à 5 km de là.